Quartiers Nord

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Nelly E.

J’avais initialement prévu ne publier que des articles traitant des résidents d’un territoire défini. Bon, j’ai déjà fait deux entorses à ce critère. C’est Nelly qui m’a fait céder définitivement en me disant que ce critère étroit pouvait me faire rater de belles rencontres. J’y ai repensé.

Alors voici Nelly.

Originaire de Douala au Cameroun, elle est arrivée à Montréal il y a moins d’un an en provenance de France, où elle a vécu une douzaine d’années. Ses trois sœurs l’y ayant précédée, elle a rejoint l’une d’elles à Nancy et elles y ont été colocataires. Tout en y résidant, elle a fait des études en communications à Metz. C’est cependant à Paris qu’elle a fait ses stages universitaires et trouvé du travail, les gens du Nord-est étant, selon elle, moins réceptifs aux étrangers.

Elle aimerait faire carrière en journalisme radiophonique, qu’elle a pratiqué à Paris parmi d’autres emplois. Admise comme immigrante qualifiée, elle a fait, dès son arrivée ici, de nombreuses démarches pour trouver du travail dans ce domaine. Elle a notamment contribué bénévolement à l’émission du midi Magazine Centre-Ville au 102,3FM, une station visant le rapprochement interculturel. Elle s’est cependant rapidement aperçue que, contrairement à ce que les agents d’immigration lui avaient affirmé, il n’est pas facile, comme étrangère, de percer le marché de l’emploi. Comme il faut bien vivre, elle s’est déniché un poste de réceptionniste dans un institut de formation du boulevard Gouin, ce qui lui permet de se payer un modeste appartement dans le Plateau Mont-Royal. Elle n’a cependant pas renoncé à poursuivre sa formation pour améliorer son sort.

Arrivé seule ici, comme à son départ du Cameroun à la fin de l’adolescence, elle fait face à une double rupture. C’est en effet avec un compagnon français blond aux yeux bleus qu’elle devait venir s’installer au Québec. Celui-ci avait tout d’abord partagé avec enthousiasme son projet avant de tiédir à mesure que l’échéance du départ arrivait… Nelly, elle, n’a pas changé d’idée.

Chose surprenante, c’est sa mère qui, après l’avoir appris auprès d’une tierce personne rencontrée chez elle au Cameroun, lui a fait part de la possibilité d’un accueil favorable au Canada. À date, elle estime que les gens ici sont moins stressés qu’en France et que la vie peut être meilleure. Pour le moment, elle espère une visite de sa mère, qui en a déjà fait une en France chez ses sœurs cette année.

C’est alors qu’elle causait dans un parc avec une religieuse congolaise qu’elle a connue lors d’une retraite à Rougemont, que j’ai fait sa rencontre. Je me suis dit que le fait d’être petite-fille d’un pasteur évangélique était peut-être pour quelque chose dans l’éclosion de cette amitié récente. Elle m’affirme que son amitié avec Maria Gabriella tient plutôt au fait que c'est une personne vraie et aimable avec laquelle elle partage une vision de la vie similaire.

Nelly E. dans le Parc Tolhurst