Denise P.
J’ai connu Denise récemment lors d’un vernissage à la Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord. J’ai été frappé par la chaleur et la conviction avec laquelle elle présentait l’artiste qui y expose pour l’été 2015. C’est toutefois lors d’une rencontre subséquente sur le site des Moulins de l’Île-de-la-Visitation que cette résidente d’Ahuntsic m’a raconté son parcours.
Neuvième de dix enfants d’une famille modeste, avec un père qui travaillait au CN, Denise a le souvenir d’avoir marché, petite, de la résidence familiale rue de Lille près de Charland jusqu’au rivage. Les terrains à l’époque étaient en bonne partie en friche, remarque-t-elle, et n’annonçaient pas le beau parc d’aujourd’hui.
À l’adolescence, cette passionnée de la ville et de la vie a entrepris, malgré son jeune âge, de se faire engager au sein de l’équipe qui préparait l’Expo 67. Pour ce faire, elle s’est acheté un tailleur et a sollicité à plusieurs reprises une rencontre avec le Maire de Terre des Hommes, Philippe de Gaspé-Beaubien. À force d’entêtement, elle a obtenu le rendez-vous et un modeste emploi dans l’équipe, puis un poste d’hôtesse au Pavillon du Québec pendant l’Expo. Comme pour bien des gens qui y ont travaillé, l’expérience fut grisante et lui a ouvert des portes. L’année suivante, elle s’est rendue en Grande-Bretagne pour apprendre l’anglais et s’est déniché un emploi de réceptionniste à l’ambassade canadienne. Quelque année plus tard, elle a été embauchée au pavillon du Québec à l’exposition internationale d’Osaka.
C’est avec ce bagage de femme autonome qu’elle est devenue mère. Mariée à un universitaire mathématicien et économiste avec qui elle a eu trois filles, elle l’a suivi avec les enfants en Californie, où il a complété un doctorat. Décidée à demeurer autonome, elle y a enseigné la conversation française dans un cadre universitaire, sans détenir de diplôme elle-même. De retour au Québec, à Rimouski, où son mari avait repris un poste d’enseignant à UQAR, elle a travaillé à la station locale de Radio-Canada avant d'entreprendre un bac en communication à Université Laval.
Après avoir occupé des postes temporaires dans le Réseau Accès-Culture dans différents arrondissements de Montréal, elle a enfin obtenu sa permanence comme agente culturelle à Montréal-Nord il y a deux ans, à un âge où plusieurs sont déjà à la retraite. À ce titre, elle fait des efforts importants pour rapprocher les gens de la communauté et les artistes, elle a notamment monté une exposition des artistes de la galerie d’art urbain Fresh Paint et présenté le spectacle interculturel « Des mots sur mesure », ainsi qu’une série de spectacles de Blues. Elle prépare actuellement des activités de médiation culturelle pour l’inauguration, à l’automne 2015, de l’œuvre « La vélocité des lieux » du collectif d’artistes BGL.
Cette passionnée de culture projette de continuer à partager encore longtemps ses coups de cœur.