L'inconnu qui l'est toujours

Je n'avais fait qu'une poignée de tentatives plutôt molles de faire des portraits d’inconnus au cours des mois suivant mon retour d'Amérique du Sud en décembre dernier. Elles ont échoué.

Un soir, alors que j’étais descendu de mon vélo pour saisir la silhouette de la Cathédrale St-Maron contre le ciel crépusculaire, ce monsieur est arrivé en vélo sur le trottoir. Il s'est arrêté près de moi et m'a demandé si j'avais du feu.

Il cherchait évidemment une cigarette. Je ne fume pas.

Il a ensuite dit prend une photo de moi. Je l’ai fait, comme vous pouvez le voir.

La caméra n'était pas configurée à une sensibilité ISO suffisamment élevée.  J'ai essayé de faire un réglage rapide pour prendre un meilleur cliché. Je suis parvenu à faire deux autres clics pendant qu'il gesticulait. Les deux photos étaient floues. Il est parti affirmant qu’une autre prise ne serait pas assez spontanée.

Je n'ai jamais vraiment pensé à lui demander son nom ou, en fait, à faire son portrait.

Quand je suis arrivé à la maison et j'ai regardé mes photos, j'ai pensé que ce pourrait être le coup de pied au cul qu’il me faut pour reprendre ma série de portraits vu  que le printemps avait finalement atteint Montréal. Qui sait?

Un inconnu à qui je n'ai pas eu le temps de demander son nom.