Martin U.

Si Martin ne m’était pas totalement étranger, je ne le connaissais pas réellement avant de le rencontrer pour faire sa photo. Notre époque étant ce qu’elle est, c’est d’abord virtuellement via Flickr, un site web de partage de photographies, que nous sommes entrés en contact.

Je lui avais signifié mon appréciation de son album sur les œuvres du sculpteur Glen LeMesurier. Après un brin de correspondance, comme il m’avait précisé qu’il habitait aussi dans Ahuntsic, nous avons convenu d’un rendez-vous dans une buvette du quartier.

Nous y avons causé une bonne heure d’histoire, de langues, de culture et de photo.

Martin habite, pratiquement sans discontinuer depuis 1957, ce qui est aujourd’hui le district Saint-Sulpice. Fils unique d’un couple de Hongrois qui se sont connus au Québec, il était possiblement le seul allophone à l’école Marguerite d’Youville vers 1960. Comme il a grandi tout près de Crémazie, il a été témoin de la démolition de maisons sur les rues Lajeunesse et Berri pour faire place à la station de métro Crémazie. Il a aussi connu le boisé St-Hubert derrière les premières institutions qui deviendront les composantes du Cégep Ahuntsic à la fin des années 60. À cette époque, rien de ce qui est aujourd’hui le domaine Saint-Sulpice n’était construit.

À la maison, les conversations se déroulaient dans un mélange de hongrois, de françai et d'anglais. Son père, qui maîtrisait mal le français, avait cependant appris un portugais de niveau populaire à Montréal dans le cadre d’un emploi où cette communauté était bien représentée. Si Martin tire de la fierté de la qualité de son français écrit, c’est qu’encore jeune, sa mère, outrée du parler d’une directrice de l’École Marguerite d'Youville, l’en avait retiré et inscrit au Collège Français.

Avec une compagne de longue date qui vient du Saguenay et un fils d’un premier mariage qui habite aujourd’hui dans la couronne nord, on peut dire qu’il est bien intégré à la société québécoise. Je dirais même qu’il a mieux suivi les soubresauts de notre vie politique que bien de ses concitoyens.

Cet homme qui pause fièrement avec son appareil photo est… comptable. Il est cependant un réel passionné de photo qui préfère le photojournalisme à la photo artistique. Il documente sa vie et celle de sa ville. Vous pouvez vous en faire une idée en visitant son site Flickr:

https://www.flickr.com/photos/martin_uj/

Martin prends la pose.