Les gens

J’ai fait depuis le début de mon projet quartiersnord.photos près de 200 portraits, presque tous à la première rencontre avec des inconnus. Une partie de ces portraits ont été publiés sur ce site seulement, d’autres sur ma page Flickr et quelques un sur les deux plates-formes. À part la cinquantaine fait au cours de l’été 2016 dans trop courte période en vue de l'exposition Toi, Moi et Montréal-Nord, ils sont tous accompagnés d’un texte décrivant le contexte de la rencontre. Les portraits que vous trouverez sur ce site sont tous de citoyens locaux ou de gens de passage dans les quartiers du nord de Montréal. 

Il y a aussi sur ma page Flickr des portraits pris suite à des rencontres faites ailleurs dans Montréal mais aussi à Québec, au Nouveau-Brunswick, au Portugal, à Paris au Chili et au Pérou.

Ligne d'attente au Métro Henri-Bourassa. Un bras de distance, comme à la petite école.

Louise, Bella et Oscar

Il y a près de la rivière des Prairies dans le Parc Nicolas-Viel de très beaux spécimens de peupliers deltoïdes. Le plus notable est le plus grand qui est situé tout près de la stèle commémorant la première messe catholique célébrée sur l’Île de Montréal en 1615 sur une de ces faces et le Père Nicolas Viel mort noyé avec son protégé Auhaïtsic dans les eaux de la rivière des Prairies. Des gens se mettent souvent ensemble pour mesurer de leurs bras le diamètre de son tronc. J’ai noté que cet été dans le cadre de leur projet « Lettres d’amour aux arbres centenaires de Montréal », le poète Bertrand Laverdure et l’artiste Patsy Van Roost ont conviés les citoyens à ses pieds avec la poète Marie-Paule Grimaldi pour l’étape finale de leur tournée.

Tout récemment, alors que je tentais de trouver avec ma caméra tournée vers le ciel un point de vue tout près du sol qui me permettrait de mettre en valeur à la fois son tronc imposant et l’envergure de son feuillage, une belle dame est passée avec sa chienne. Louise m’a expliquée qu’elle et Bella venaient voir Oscar ensemble régulièrement depuis qu’elles habitent le quartier.

Je ne connaissais pas cet arbre par son prénom. En fait, c’est Louise qui lui a donné.

Nous avons causé un peu. J’ai appris qu’elle venait de faire des conserves de tomates avec un groupe d’amis. Ils avaient profité de l’abondance pour les acheter ensemble en vrac au Marché Jean-Talon.

J’ai fait depuis le début de mon projet quartiersnord.photos près de 200 portraits, presque tous à la première rencontre avec des inconnus. Une partie de ces portraits ont été publiés sur ce site seulement, d’autres sur ma page Flickr et quelques un sur les deux plates-formes. À part la cinquantaine fait au cours de l’été 2016 dans une période assez courte à Montréal-Nord, ils sont tous accompagnés d’un texte comme celui-ci. Je ne suis pas un écrivain très rapide et je tape très mal, ce qui allonge les procédures.

J’avais décidé de prendre une pause de ce projet mais l’histoire était jolie et Louise aussi et l’été qui s’était tant trainer les pieds pour arriver semblait vouloir se prolonger.

Lorsque je lui demandé si elle accepterait de se faire photographier, elle m’a répondu qu’elle n’était pas prête, pas maquillée, et pleine de taches de tomates. Pour les tomates, ce n’était pas vrai du tout. Elle doit travailler très proprement. Pour ce qui est du maquillage, mêmes fardées les dames ne sont jamais prêtes pour se faire tirer le portrait si on se fie à leurs dires.

Comme vous le voyez, elle a tout de même gracieusement accepté. Il faut dire qu’elle aurait une raison professionnelle de ne pas jouer le jeu. Louise est styliste vestimentaire pour une clientèle de gens d’affaire qui n’ont pas le temps et pas toujours la confiance d’avoir le flair pour se constituer une garde-robe ou des tenues qui les avantagent pour les moments importants.

Voilà donc comment un arbre peut susciter et abriter une rencontre impromptue.

J’imagine que nos nous recroiserons probablement dans les environs. Curieusement, j’ai d’ailleurs revu une des premières personnes que j’ai photographiées en 2015 quelques minutes plus tard. Il s’agit de Julie qui sortait son kayak de la rivière comme en juin de cette année où l’été s’était montré plus précoce.

Louise au parc Nicolas-Viel

Louise et Bella

Christine

Ce printemps, il a plus beaucoup à Montréal, comme dans tout le Québec. Il est tombé tellement d’eau qu’il y a à plusieurs endroits des inondations, notamment dans le nord-ouest de l’île de Montréal  et les municipalités voisines riveraines de la Rivière des Prairies et celles de tout le bassin de la Rivière des Outaouais. Dans l’arrondissement où j’habite, relativement peu de résidences ont été touchées mais l’eau a monté dans des parcs, principalement sur le site des moulins au  Parc-nature de l'Île-de-la-Visitation mais aussi au Parc Belmont et au Parc Beauséjour.

Comme bien des gens, je suis allé à la rivière, curieux d’en voir le débit et le niveau exceptionnels. Un des lieux où l’intensité du flux de l’eau est le plus perceptible est aux abords de l’Île Perry, tout près du Pont de chemin de fer. À cet endroit, la rivière est étroite  et en cascade.

Alors que je j’y passais tranquillement en vélo observant la rivière, j’ai remarqué une jeune femme assise sur un rocher près du rivage. Elle m’a semblé en méditation.  J’ai continué mon chemin puis suis revenu sur mes pas. J’ai mis pied à terre et lui ai demandé si je pouvais lui parler un instant. Elle a dû enlever ses écouteurs, que je n’avais pas remarqués, puis a gentiment accepté.

Je lui ai expliqué que je reprenais ma série de portrait d’inconnus puis lui ai montré avec mon mobile quelques exemples.  Je tenais particulièrement à lui présenter celui de Noure, le dixième portrait de ma série initiale, parce que j’avais fait à l’été 2015 à quelques mètres de là où nous étions.

Je vous  présente Christine. Elle est étudiante en Psycho-éducation à l’Université de Montréal. Similairement, Noure,  pour sa part, se préparait à étudier en psychologie.

J’ai fait rapidement quelques photos de Christine. Bien qu’elle se soit avérée fort sympathique, je n’ai pas cherché à mener la conversation plus loin. C’était un peu parce que  j’avais troublé sa quiétude et ne souhaitais pas le faire exagérément mais aussi  parce que je passe souvent par cet endroit et il me semble plausible que nos pas s’y recroiseront un jour.

Je remercie Christine d’avoir accepté que je la prenne en photo et lui souhaite le succès dans ses études et sa future carrière.

Christine

Mathieu

Si vous avez vu de mes photos des dernières années, vous aurez-vu bien des vues prises le long de la rivière des Prairies au nord de l'île de Montréal. Vous ne serez  donc pas surpris de lire que j'ai rencontré Mathieu sur ses berges.

J'étais sur un sentier séparé du rivage par une bande de végétation et d'arbres quand je l'ai vu sur le bord d'un lit de roches plates qui immergent progressivement de la rivière lorsque le niveau de l'eau diminue au printemps. Il était debout, tenait un livre d'une main et lisait.

Pendant que je marchais lentement vers lui, je ne pouvais pas m'empêcher de penser à un ensemble de photos que j’ai vu sur Flickr; des gens lisant dans des lieux publics photographiés par M. Greg Myers

J'avais lu dans les commentaires de Greg sur ses portraits de lecteurs que malgré que ses photos ressemblent à des instantanés, il demande généralement à ses sujets leur permission avant de les photographier. Je n'avais pas forcément l'intention de faire le portrait de Mathieu en tant que lecteur quand je l'ai approché. Cependant, quand il a dit qu'il n'aime pas être photographié, je suis dit qu'il pourrait être plus facile pour lui de poser comme un lecteur que de me faire face directement. Je pris donc quelques photos de lui debout comme je l'avais aperçu un moment auparavant. Comme j'aime inclure des éléments contextuels, j'ai essayé de garder un peu du cadre naturel autour de lui.  J’ai cependant fini par choisir une photo et la recadrer en plan américain.

Après cette première série de photos, nous avons parlé un peu. J'ai appris que Mathieu est le directeur des ventes d'une jeune entreprise en croissance rapide qui vend en ligne des produits de viande de qualité, de la volaille et des produits de la pêche et les livre aux résidences de ses clients. Il revenait tout juste de vacances au Mexique et se préparait à reprendre le travail. Le livre qu'il lisait avait à voir avec l'auto-éducation et le succès en tant qu'entrepreneur. Il m’a semblé être le type de personne qui peut travailler fort.

Sa première passion, cependant, était la musique. Il a dirigé un groupe de hard rock comme guitariste pendant un certain temps et avait un studio d'enregistrement où il était producteur. Quand je lui ai demandé quels étaient ses groupes ou ses chanteurs préférés, il m'a dit qu'il n'écoutait plus autant de musique.  Il passe par exemple plus de temps en voyageant dans sa voiture à écouter des enregistrements vocaux sur toutes sortes de sujets. Il m’a également affirmé qu'il ne croit pas que vous pouvez réussir à quoi que ce soit sans y être pleinement impliqué à temps complet. Il semble pourtant toujours être passionné par la musique. Quand j'ai mentionné des chanteurs populaires du jour comme Drake, il a dit qu'il n’était pas un fan de leur musique mais aimait disséquer comment leurs disques étaient produits et mixés.

Notre conversation m'a laissé sentir qu'il avait une envie de réussir. Je lui souhaite sincèrement de trouver sa propre voie.

Avant de poursuivre chacun notre chemin, il a accepté de me laisser faire quelques plans rapprochés de lui, avec et sans sa casquette. Puisqu'il la porte dans sa photo de lecteur, j'ai choisi d’aussi partager avec vous ce portrait en gros plan de lui au naturel sans couvre-chef.

Mathieu, le lecteur

Charlie

Il y a quelques modestes difficultés à faire des portraits de purs inconnus mais peut-être un peu de paresse aussi. Je fais rarement plus de cinq ou six clics. J’ai quelques fois essayé d’en réussir en une seule prise. Ce n’est pas une bonne idée si vous n’avez pas un écran de référence pour juger le résultat de ce seul petit clic avant de dire adieu à votre sujet.  La plus grande difficulté est cependant souvent de me décider à écrire.

J’ai déjà écrit qu’un inconnu peut mener à un autre, donc pas toujours besoin de chercher bien fort. Dans le cas de Charlie, c’est Christian (voir la photo # 101 de ma première série sur Flickr) qui me l’a présenté.

Il y a dans  l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville de Montréal un ancien terminus de bus désaffecté.  Ce terrain qui appartenait à la Société de Transport de Laval (STL) serait idéal de par sa location pour abriter des immeubles destinés aux services sociaux. Il est central pour l’arrondissement et comporte un accès direct à la station de métro la plus achalandée du nord de la ville. Malheureusement, cette propriété publique été vendue pour un dollar à une agence d’état qui l’a ensuite mis-en en vente de la manière la plus opaque possible à des intérêts privés en accordance avec les politiques de la présente administration provinciale.

J’avais noté avec étonnement au cœur de l’hiver, possiblement exactement le jour le plus glacial de l’année, que quelques itinérants avaient établis domicile dans le stationnement à l’abri des regards, mais pas du froid, derrière les murs qui longent la rue Lajeunesse.

Il y a deux semaines, au moment où il m’a semblé que l’été était enfin réellement arrivé à Montréal, je suis repassé par là. En débarquant de mon vélo, j’ai croisé Christian qui se dirigeait vers l’ancien terminus avec une vieille guitare sous le bras et quelques amis. Il m’a expliqué qu’ils squattaient ici ces jours-ci et m’a présenté Charlie. Nous avons discuté un peu. Christian m’a raconté qu’il avait perdu ses harmonicas et son ancienne guitare lors d’une altercation de trop avec un officier de police qui l’a à l’œil. En prime, il a passé l’hiver en tôle dans différents centre de détention. Son arrestation constituait un bris de conditions dans quelques administrations judiciaires du Grand Montréal.

Pourquoi ce long préambule pour vous parler de Charlie? Christian lui a dit que j’étais un bon gars et un bon photographe, c’est ainsi que je me suis retrouvé à faire son portrait. Derrière les lunettes fumées de la première photo, il y avait un peu de notre gêne mutuelle. Nous avons ensuite causé un peu d’elle. Pas tant que ça, mais assez tout de même pour faire une seconde photo à visage découvert.

L’itinérance n’est pas une chose facile. J’espère souvent qu’elle puisse être un état transitoire pour les personnes qui vivent dans la rue. Pour ce qui est de Christian, ça semble être devenu un mode de vie assumé. Pour Charlie, je ne sais pas. Elle m’a semblée un peu novice dans cet univers et m’as admis être influençable. Il y avait au moins deux autres personnes qui passaient leurs nuits ici avec eux. Charlie m’a dit qu’une autre fille cherchait de sous pour aller rejoindre des amis à Trois-Rivières, à un peu plus d’une centaine de kilomètres de Montréal. Son projet semblait cependant incertain.

Je n’ai pas le bagage d’un psychologue ou l’étoffe d’un travailleur de rue pour me faire une idée de la situation de Charlie. J’aurais préféré attendre de la revoir une autre fois et de lui reparler avant de faire cette publication.  C’est d’ailleurs ce que j’avais fait dans le cas de Christian. Les quelques minutes que durent mes rencontres sont bien peu pour prendre la mesure d’une vie. Je lui souhaite simplement que ce squat soit une passade estivale et qu’elle s’en tire autrement.

C’est un événement externe qui m’a finalement décidé à écrire ce mot et à publier sa photo. J’ai lu quelques jours après notre rencontre que le terminus  semble avoir été vendu à un promoteur de condos qui a déjà fait main basse sur un immeuble public en face d’une station de métro dans Villeray.

Ainsi va l’itinérance…

Charlie et, en arrière-plan, Christian.

Étienne

Si vous avez suivi un peu les nouvelles en provenance de Montréal au cours des derniers mois, vous savez sans doute que le printemps y a été exceptionnellement pluvieux, au point de provoquer d’importantes inondations le long de la rivière des Prairies au nord de l’Île. Heureusement, à la mi-mai, le beau temps revint se montrer le nez entre deux jours de pluie. Nous avons même eu droit à deux magnifiques journées de suite pour la première fois un samedi et un dimanche.  Le bonheur. C’est donc sous un ciel radieux que je me suis rendu à Saraguay, tout à fait à l’ouest de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville pour faire une activité combinant deux visites organisées par le GUEPE (Groupe uni des éducateurs-naturalistes et professionnels en environnement).

Saraguay a tout d’abord été un lieu de villégiature pour des gens très riches à l’époque où la ville ne s’étendait guère plus loin que du fleuve au Mont-Royal. Puis lorsque l’ensemble de l’Île s’est urbanisée, c’est devenu une enclave préservée. Les grandes demeures du début du vingtième siècle ont été abandonnées et sont pour la plupart disparues. Ce quartier, qui a été incorporé au territoire de Montréal au début des années 60 demeure un des derniers ou se retrouvent des boisés naturels et des milieux humides typiques de ceux que notre Île abritait. Il y a un siècle seulement.

Il reste ici une des dernières grande résidences, la Maison Mary-Dorothy Molson, aussi appelée Manoir McDougall. Il est aujourd’hui propriété de la Ville de Montréal. Inhabité, il a souffert d’un entretien au mieux minimal. C’est souvent le présage d’une mort annoncée mais de l’extérieur la résidence a encore une certaine prestance. Les gens du GUEPE avait invité un historien, Stéphane Tessier, pour faire une visite commentée de la propriété et des ruines de la maison voisine.

Après cette première partie, nous avons fait la rencontre d’Étienne. Comme ses  collègues du GUEPE et M. Tessier, il était vêtu à l’ancienne. Il tenait le rôle d’un paysan. Vous aurez deviné que  c’est lui que vous voyez sur la photo.

Le GUEPE fait une bonne partie de ces activités auprès de clientèles scolaire et pour les jeunes l’été. Comme intermède entre la visite historique et le rallye d’interprétation naturelle qui la suivait dans le Parc-nature du Bois-de-Saraguay, notre groupe entièrement constitué d’adultes été invité à jouer comme des enfants. Deux équipes se sont affrontées sur un parcours combinant croquet, tir à l’arc et javelot entièrement réalisé avec des jouets et vêtus de costumes de cheval.  Le tout se voulait un rappel de l’amour des anciennes élites anglophones pour les traditions sportives britanniques.

C’est au cours de la randonnée dans le parc que nous avons pu pleinement apprécier les connaissances d’Étienne. Il est originaire de la campagne,  des Cantons-de-l’est plus exactement. Il était tout à fait à l’aise dans le boisé. Il nous a d’ailleurs confié qu’il était le plus autodidacte et un des plus anciens membres de l’équipe.  De sa voie forte il a capté l’intérêt du groupe qui pouvait parfois  suivre les sentiers en rang un peu dispersé. Avec lui, nous avons observé différentes espèces d’arbres et de fleurs pour les identifier. Il nous a montré certaines plantes comestibles des bois fait sentir des insectes et écouter des oiseaux. Il y avait parmi le groupe des dames d’origine vietnamienne, ce qui nous a permis de discuter un peu des différences entre les cycles très marqués des saisons québécoises et ceux qui semblent plus continus des forêts tropicales persistantes.

C’est à la fin de cette activité que j’ai bien appréciée, alors qu’Étienne s’apprêtait à courir pour prendre un second groupe en charge, que je lui ai demandé s’il accepterait que je prenne son portrait. Le soleil était assez dur et son grand chapeau portait une ombre tranchée sur son visage. Je lui ai demandé de poser quelques secondes  à contre-jour en m’assurant de surexposé le cliché un peu.

Voilà donc Étienne, un homme qui semble avoir de bonnes racines.

Étienne dans son élément.

Gloria

À l’époque où même les méga-centres commerciaux tremblent devant les Amazons de ce monde, j’ai la chance de vivre dans un quartier de Montréal avec  une rue commerciale qui se porte plutôt bien. Il est encore possible de faire des achats à pied sur la rue Fleury. Elle a deux secteurs commerciaux principaux  avec chacun leur association de marchands, FLO dans l’ouest et La Promenade Fleury, dans l’est.

Concurrence oblige, chaque association tenait sa promotion indépendante à la mi-juin. Fondamentalement, ce sont des ventes de trottoirs avec fermeture de la rue à la circulation automobile pendant trois jours. J’habite dans l’est, à un coin de rue de Fleury est. L’édition de cette année était intéressante pour son volet social. Tout le bloc devant l’église St-Paul-de-la-croix était occupé par des organismes sociaux, incluant l’église elle-même, et des mouvements environnementaux. Par un curieux renversement de situation, la paroisse est maintenant animée par un curé missionnaire d’origine haïtienne, le père Désiré, qui semble lui avoir insufflé un nouveau souffle et une vie citoyenne.

Seule ombre au tableau, un peu plus loin, les organisateurs avaient permis à un concessionnaire automobile d’occuper la chaussée sans  aucune considération pour la piétonisation temporaire de la rue. Je ne sais pas ce qui leur a passé par la tête.

Un peu plus à l’ouest, il y avait une petite scène. Vendredi, trois jeunes musiciens simplement présentés sous le prénom de la claviériste, Vivian, offrait un spectacle bien rythmé. Un passant m’a dit que leur son lui rappelait la belle époque de Weather Report. Ils se trouveront bien un son à eux.  Ils n’étaient pas nés quand Weather Report était populaire!

Ils étaient sur la rue à l’invitation d’un groupe qui organisera un tout nouveau festival de musique et d’arts émergents dans le quartier cet automne, Artival Ahuntsic.  Vivian m’a précisé après le spectacle qu’il s’agissait de leur toute première prestation après une semaine à jouer ensemble et que le groupe venait de se trouver un nom : Moodring.

Pendant que j’appréciais leur prestation, un couple de voisins est venu à ma rencontre. La dame, une directrice de niveau récemment retraitée d’une école secondaire réputée du quartier, m’a présentée Gloria qui est la graphiste et trésorière d’Artival.

Vous la voyez ici devant la scène où jouait le trio.

C’est  Gloria qui a conçu le site web du festival. Comme plusieurs des membres de l’équipe, elle a des aptitudes artistiques et musicales. Gloria m’a plus tard à son tour présenté son collègue Lorenzo, coordonnateur de l’organisme. Tout comme Gloria, il a chanté plusieurs années dans une chorale. Parmi d’autres activités, Il dirige maintenant un groupe vocal.

Le lendemain, je les ai d’ailleurs vu tous les deux au sien d’un groupe de chanteurs sur la même scène. Ces jeunes ont de beaux parcours académique et semblent bien avoir pris leur avenir en main.

La première édition d’Artival aura lieu sur le terrain de l’école secondaire Sophie-Barat le premier et le deux septembre prochain.

Je souhaite un bon succès à Gloria dans ses projets personnels de même qu’au jeune organisme au jeune organisme et à toute son équipe.

Gloria, membre de l'équipe fondatrice d'Artival

L'inconnu qui l'est toujours

Je n'avais fait qu'une poignée de tentatives plutôt molles de faire des portraits d’inconnus au cours des mois suivant mon retour d'Amérique du Sud en décembre dernier. Elles ont échoué.

Un soir, alors que j’étais descendu de mon vélo pour saisir la silhouette de la Cathédrale St-Maron contre le ciel crépusculaire, ce monsieur est arrivé en vélo sur le trottoir. Il s'est arrêté près de moi et m'a demandé si j'avais du feu.

Il cherchait évidemment une cigarette. Je ne fume pas.

Il a ensuite dit prend une photo de moi. Je l’ai fait, comme vous pouvez le voir.

La caméra n'était pas configurée à une sensibilité ISO suffisamment élevée.  J'ai essayé de faire un réglage rapide pour prendre un meilleur cliché. Je suis parvenu à faire deux autres clics pendant qu'il gesticulait. Les deux photos étaient floues. Il est parti affirmant qu’une autre prise ne serait pas assez spontanée.

Je n'ai jamais vraiment pensé à lui demander son nom ou, en fait, à faire son portrait.

Quand je suis arrivé à la maison et j'ai regardé mes photos, j'ai pensé que ce pourrait être le coup de pied au cul qu’il me faut pour reprendre ma série de portraits vu  que le printemps avait finalement atteint Montréal. Qui sait?

Un inconnu à qui je n'ai pas eu le temps de demander son nom.

Danielle

Les Fenêtres qui parlent existent depuis plusieurs années comme événement local récurent sur deux pâtés de maisons de la rue Marquette dans le Plateau Mont-Royal, un quartier de Montréal populaire auprès des artistes. C'est un concept simple: des résidents offrent une ou plusieurs de leurs fenêtres, de sorte qu'une variété d'artistes visuels peuvent montrer leurs travaux dans une atmosphère non compétitive. Cette année, ses organisateurs ont exprimé le souhait d'étendre le concept à 5 rues du quartier dans le cadre de 375MTL. Il s’agit d’une extravagante programmation culturelle à travers tout Montréal pour célébrer le 375e anniversaire de sa fondation. Ils ont eu la surprise de se voir offrir par le comité des fêtes de plutôt organiser un événement dans chacun des 19 arrondissements de la ville et ont accepté ce défi.

Dans chaque arrondissement, cet événement en accompagne un autre plus vaste, La Grande Tournée, qui a lieu la même semaine dans chaque quartier dans un parc spacieux les week-ends. On y trouve une scène pour un numéro de cirque, des camions de restaurateurs, des tables de pique-nique et des panneaux historiques avec partout une partie de contenu local. Une émission de radio en direct est diffusée à partir d'un studio logé dans un conteneur par le réseau national francophone, Radio-Canada. Cela dit, tous les arrondissements ne sont pas le Plateau. Je pensais que les rues choisies dans Montréal-Nord feraient potentiellement un bon cadre pour l'exposition, comme ce fut le cas le cas au cœur du Vieux-Lachine où j'ai rencontré Antoine Le Blet dont j’ai publié un portrait sur ma page Flickr.

Je ne faisais pas partie des exposants ici, mais je pensais qu'il serait bon de pouvoir avoir le regard d’un outsider. Je dois aussi dire que le parc d'Aimé-Léonard abritait La Grande tournée au bord de la rivière des Prairies m’est  un endroit familier. J’y termine souvent mes promenades de soirée en vélo le long de la rivière avant de faire demi-tour pour rentrer chez moi. Comme dans chaque arrondissement, le vernissage local avait lieu le vendredi soir.

Plus de deux douzaines d'artistes ou de collectifs présentaient leur travail sur quatre rues. Il y a des défis à relever pour montrer ses travaux de cette façon. Le premier est de les rendre visibles! Si vous présentez un travail graphique ou peint à travers une fenêtre, à  certaines heures du jour, les gens ont une meilleure chance de voir leur propre réflexion que vos œuvres. Maintenant, imaginez que vous deviez montrer une photo soigneusement encadrée derrière une épaisseur supplémentaire de verre. Un groupe de personnes comprenant un photographe qui pointait ses photos à des amis discutaient de cela lorsque je suis arrivé à l'une des maisons de la rue L’Archevêque.

Danielle était une des dames parmi ce groupe. Elle faisait partie des résidents qui ont acceptés de recevoir un artiste et se montrait préoccupée par ce problème. Elle était très positive à l'égard des Fenêtres qui parlent et aurait souhaité que plus de gens aient acceptés d'ouvrir leurs portes pour en faire une fête de voisinage. Elle estimait que Samia Cherfaoui, la jeune aquarelliste qui présentaient ses œuvres dans les fenêtres de sa demeure, avait mis beaucoup d'efforts dans son travail et sa préparation pour le montrer et méritait plus de visibilité.

Nous avons discuté pendant un moment. Elle avait quelque chose de chaleureux et de radieux. Si j’ai bien compris, elle vit dans une maison qui a appartient aux membres de sa famille depuis des décennies. Sa rue est également importante dans l'histoire de Montréal-Nord. Il y avait un chaland qui faisait la traverse sur la rivière des Prairies vers St-Vincent-de-Paul à Laval bien avant la construction du pont le lus près. Un bel endroit en somme.

Au cours de notre discussion, j'ai appris qu'elle avait accompagné sa fille qui se préparait à accoucher une bonne partie de la nuit jusqu’à la naissance de l’enfant. Je suppose que cela expliquait un peu son énergie particulière ce jour-là.

Nous sommes finalement allés jusqu'à sa maison afin qu'elle me montre mieux le travail de Samia. Il y avait des arbres qui faisaient de l'ombre. J'ai saisi l’occasion pour lui mentionné mon projet et lui ai demandé si elle accepterait de se retrouver dans ma galerie de portraits d’inconnus. Elle a surmonté certaines réserves quant à  cette idée et a accepté.

Quelques jours plus tard, je lui ai envoyé deux photos. Danielle a répondu qu’elle les avait regardées avec sa petite-fille et qu’elles ont toutes deux préféré celle que vous voyez ici.

Elle m'a aussi dit que sa fille et son bébé Yaromhyr vont bien et que le garçon est calme.

Merci Danielle pour notre conversation agréable, votre soutien aux artistes et les nouvelles familiales!

Danielle devant sa maison. Derrière elle, des oeuvres de Samia Cherfaoui

Pascualino

Un après-midi de l'automne 2016, je travaillais dans mon sous-sol et mon épouse était occupée dehors dans son potager. À un moment donné, je l'ai entendu m’appeler et vu par  la fenêtre qu'elle s’amenait vers la maison avec un air un peu excité.

Lorsque je lui ai ouvert la porte, elle me dit  « le monsieur est revenu pour les champignons»! Il a besoin d’aide.

Nous savions depuis quelques années qu’il pousse de grands champignons aux branches supérieures de nos érables à giguère (acer negundo) à la fin de l’automne.  Un jour, un homme a frappé à notre porte et a demandé s'il pouvait cueillir ces champignons. Nous lui avons simplement dit OK. Il a alors sorti une longue perche de son vieux pick-up. Il y avait une petite lame à son extrémité qu'il a utilisée pour de les détacher des arbres.

Lorsque qu’il est revenu l'année suivante, nous nous sommes dit que nos champignons devaient être bons et fait quelques recherches. Un ami qui ramasse les champignons sauvages nous a dit que, bien qu'ils fussent beaucoup plus grands que ceux que nous trouvons sur le marché, il s’agissait de pleurotes.

Nous ne savions pas qui était ce monsieur. Il n’est pas revenu pendant quelques années je crois puis s’est  montré à nouveau aujourd'hui. Il y avait quelques vraiment gros champignons dans un arbre cette année mais ils étaient perchés plus haut que ce qu'il pouvait atteindre avec ses outils. Ma femme espérait que je serais assez grand pour l'aider à les faire tomber. Ce n’était pas très réaliste. Il s’agissait d’un travail pour un géant de deux fois ma taille.

Je me suis présenté ce qui m’a permis d’apprendre que notre cueilleur de pleurotes se nomme  Pascualino. J’ai ensuite sorti mon échelle repliable et, à la fin, c’est moi qui y suis grimpé pour déloger les champignons. Ils ont chuté au sol en morceaux, mais ça n’as pas semblé contrarier Pascualino.

Je pensais qu'il devait vivre quelque part dans notre quartier pour avoir ainsi repéré notre vivier de pleurotes. Il est avéré qu'il habite à environ 3 kilomètres  de notre maison, mais travaille dans l'aménagement paysager dans notre quartier. Il s’en retournait à la maison après avoir fait des travaux autour d'une maison sur l'une des rues les plus huppées de notre arrondissement quand il a ralenti et jeté un coup d'œil à nos arbres aujourd'hui.

Pascualino nous a dit qu'il fait bouillir les champignons avec de l’ail qu’il a fait pousser et une pièce de monnaie. Si l'ail et la pièce ne virent pas au noir, les champignons sont OK. Je ne pense pas que vous trouverez ça dans des livres de recettes les plus branchés!

Quand je lui ai demandé si je pouvais prendre une photo de lui et l'afficher sur ma page Flickr, il a accepté. Je demande généralement à chacun une adresse de courriel afin  d'envoyer à l'avance la photo que je souhaite publier pour un OK final. Pascualino n’en as pas mais à son avis, une photo contre des champignons c’était un accord équitable.

Il est devait être d'accord. Il vient de revenir de nouveau cette année.

Pascualino

Iwonka

Le jour où j'ai fait ce portrait avait débuté par un orage, mais le ciel s'était plus tard éclairci. Je me suis rendu au Jardin botanique pour faire des photos en fin d’avant-midi. Après le lunch, je me suis dirigé vers Montréal-Nord où un premier événement du projet «Mon vélo raconte» était prévu sur la rue Fleury. On y annonçait "La Grande Braderie festive".

J'avais lu les mots suivants sur le projet: "une série d’activités sont au programme sous le chapeau Mon Vélo Raconte, dont un parcours patrimonial inédit sur eau et sur terre, des braderies de rue festives et le grand défilé de vélos allégoriques".

"Mon vélo raconte" a été organisé par un comité qui comprend des membres d'une association artistique locale, l'AAVNM et d'une société d'histoire et de généalogie, la SHG-MN. Les deux groupes sont très actifs dans la communauté et sont promoteurs d'activités participatives. "Mon vélo raconte" a fait partie des célébrations du 375e anniversaire de Montréal qui s’échelonneront jusqu’à la fin de l’année. Le groupe a commencé ses activités en défilant avec des vélos décorés lors d'un très froid soir de février tout en participant à la randonnée nocturne de 15km  «Lune d’hiver à vélo».

En sachant un peu à leur sujet, et étant cycliste moi-même, il était tout naturel pour moi d'aller voir les résultats de leurs efforts. Quand je suis arrivé au site, les autorités avaient annulé tout pour la journée en raison du mauvais temps du matin.

La galerie d’art 3440 de l'AAVNM est située sur la rue Fleury devant le parc d'Ottawa exactement où était prévue « La Grande Braderie Festive ». Sa porte a été ouverte. Je suis entré pour voir s'il y avait quelqu'un que je connaissais et dire bonjour. J'ai été accueilli par Iwonka que je n'avais pas eu l'occasion de rencontrer jusqu'ici. Elle est une artiste et l'une des administrateurs de l'association.

Il y avait quelques-uns des vélos décorés qu'ils ont montés en janvier dans la galerie. Iwonka m'a expliqué qu'un groupe de bénévoles s’affairait à l’aréna locale à préparer 375 bicyclettes pour le défilé allégorique du samedi 26 août. Les organisateurs ont travaillé avec des bénévoles à les décorer tout au long de l'été pour que d’autres volontaires, dont j’ai fait partie, puissent les conduire le jour du défilé.

J’avais indiqué à Iwonka que je serais ravi de monter à vélo comme volontaire lors du défilé si en échange elle était disposée à se faire photographier. Comme elle a accepté, j'ai inscrit la journée de défilé à mon agenda.

Comme j'aime bien inclure des éléments contextuels dans mes portraits, j'ai essayé de faire le sien entourée par les vélos dans la galerie. J'ai senti que les photos ainsi réalisée ne lui rendaient pas honneur. Il y avait trop de choses dans la salle et la lumière était peu seyante.

Nous sommes sortis à l’extérieur, mais le soleil d’après-midi  était trop dur dans la rue. Heureusement, sous les arbres dans le parc il y avait de l'ombre qui produisait une belle lumière douce. Les résultats se sont avérés bien meilleurs à mon goût.

Quiconque a fait un certain nombre de portraits d’inconnus a entendu plusieurs fois de toutes sortes de personnes inquiètes qu'elles ne sont pas photogéniques. Iwonka a démontré plus de confiance. Elle m'a affirmée qu'elle aimait bien être photographiée.

Si vous voulez en savoir plus sur son art et "Mon vélo raconte", vous trouverez des liens vers différents sites Web dans le premier commentaire au-dessous de ce portrait. Vous retrouverez Iwonka dans le site de l'AAVNM.

Iwonka dans le parc Ottawa, rue Fleury Est, Montréal-Mord

Amélie

Ce vendredi, en prenant une pause lorsque je travaillais, j’ai noté dans l’édition WEB hebdomadaire du journaldesvoisins.com que les jeunes propriétaires d’un traiteur de mon voisinage, Le Goût des Autres, invitaient leur clientèle à un apéritif dinatoire pour célébrer le deuxième anniversaire de leur entreprise en fin de journée.

J’ai eu l’occasion de faire la connaissance de Kévin et Fanny l’automne passé et de les photographier dans le cadre de mon projet quartiersnord.photos Je crois que ce jeune couple très sympathique apportera, par son entreprise, une belle contribution à notre vie de quartier. 

J’étais heureux de voir que leurs affaires se portaient bien et il faisait un temps magnifique. C’est donc avec plaisir que suis passé leur dire bonjour à l’heure de l’apéro. Il y avait déjà quelques personnes de réunies et des gens continuaient à arriver. Leur local, un peu à l’est du métro, est modeste. Les clients se sont rassemblés à l’extérieur, le long de la rue Sauvé, pour profiter de leur généreuse invitation. J’ai parlé quelques temps avec diverses personnes dont un couple que j’avais récemment rencontré lors d’une visite guidée d’Ahuntsic ouest organisée par la nouvellement fondée Société d’Histoire d’Ahuntsic-Cartierville (SHAC). La dame m’a appris que son fils préparait pour bientôt une exposition de photos. Comme elle devrait me faire parvenir une invitation, qui sait, je vous en reparlerai peut-être au cours des prochaines semaines.

Alors que je m’apprêtais à partir parce que j’avais moi-même un invité pour la soirée, j’ai remarqué Amélie momentanément seule à une table. Je me suis présenté en lui expliquant mon projet.

Amélie, qui habite le quartier, connaissait de par une amie Le Goût des Autres, sans l’avoir elle-même fréquenté. C’est avec cette personne, qui est une connaissance des propriétaires, qu’elle était venue participer à ce 5 à 7. Amélie est originaire de Périgueux, dans le Périgord, pas très loin de Bordeaux. Cette jeune dame avec un sens du style affirmé se prépare à devenir décoratrice d’intérieur et spécialiste de présentation visuelle. À Montréal depuis quelques années, c’est ici qu’elle a entamé ses études dans un programme universitaire. Elle termine présentement un cours spécialisé dans une école professionnelle. Elle s’intéresse entre autre à la conception d’objets.

Je la remercie d’avoir accepté de faire partie de mon projet et lui souhaite du succès dans les siens.

Amélie à l'heure de l'apéro chez "Le Goût des Autres" rue Sauvé est

Richard

Le 8 novembre, un peu après 19 heures, quand j'ai entendu les premiers résultats électoraux provenant de la côte est des USA à la radio, il semblait déjà que ce serait une nuit fatidique. Rien que je puisse faire à ce sujet, mais je n'allais pas rester béat devant un téléviseur et encaisser. Tout ce que je peux dire, c'est que les américains devraient commencer à se ressaisir, à s'organiser et à renoncer à mettre tout espoir dans le GOP ou les démocrates. C'est mon point de vue et je le partage. Le morceau est craché.

J'avais autre chose à faire de toute façon. Il y a couramment une promotion de Fujifilm qui offre aux gens de louer du matériel pour trois jours sans frais pour l’essayer, mais de trois entreprises seulement à travers le Canada. Fuji dicte les règles et il ne m'a pas été possible de réserver le matériel. Après quelques essais infructueux à mettre mes mains sur une caméra XT-1, j'avais dû taper sérieusement du pied plus tôt au cours de l'après-midi pour me faire entendre. Finalement, les gens de Lozeau se sont montrés assez compréhensifs pour me prêter leur démo de magasin pendant 24 heures.

J'ai pensé qu'un bon endroit pour essayer le matériel la nuit serait le Parc Jarry. C'est un grand parc qui pendant des décennies a été laissé sans grands signes d'aménagement paysager. C'était juste une vaste et plate étendue d'herbe avec divers terrains de sport qui était notoire pour avoir logé les Expos de Montréal, la défunte équipe de baseball majeur, dans son modeste premier stade

Ce parc de balle a été démoli il y a des années et remplacé par les installations montréalaises de Tennis Canada, le Stade Uniprix

Autour des courts de tennis extérieurs, le niveau de lumière est suffisamment élevé pour faire des vidéos alors que d'autres parties du parc restent très sombres pendant toute la nuit. J'ai pris mes premières photos avec la caméra à partir d’une zone à peine éclairée en regardant vers les courts de tennis et de football. J'ai été satisfait par la couleur et le détail de leurs installations sur un fond très sombre. J'ai alors pensé que si je marchais vers les courts de tennis, il y aurait assez de lumière se déversant à 50, 60 pieds de distance pour essayer de saisir des sujets mobiles.

Quand je suis entré dans cette zone, j'ai remarqué Richard avec des amis et ce qui ressemblait à des balles de jongleur au sol. Je me suis dirigé vers Richard, mais comme je n'avais pris qu'une demi-douzaine de photos jusqu'à ce point et que je n'avais aucune idée du genre de portrait que la caméra et l’objectif 35M F1.4 je me suis dit que la chose la plus honnête était de lui demander si je pouvais prendre une photo de lui pour essayer le matériel Fuji. J’ai poussai un peu ma chance et lui ai demandé s'il serait disposé à jongler avec des balles pour moi. Il m’a répondu qu'il n'avait aucun problème à ce que je prenne des photos mais qu'il n'était pas un vrai jongleur. Un de ses amis qui nous a entendus parler lui a dit tu as seulement deux balles, tu peux le faire!

C'est ainsi que j'ai obtenu une photo de Richard jonglant la nuit et du un coup portrait en plan rapproché en prime. À ce moment-là, j'ai été agréablement surpris par les résultats. Je lui ai montrés en lui expliquant que ce n’était pas du tout planifié mais que si c'était OK avec lui, j'aimerais inclure deux clichés dans ma galerie de portraits d'inconnus.

J'aimerais remercier Richard d'avoir accepté cela. Je souhaiterais aussi avoir passé plus de temps avec lui et en avoir appris davantage à son sujet. J’espère qu'il me pardonnera d'avoir exprimé ma consternation électorale dans le premier paragraphe. Je ne pouvais pas m'empêcher de le faire. Après tout, c'est la nuit de la super lune. Aurait-elle eu quelque chose à voir dans tout ce désordre?

Richard et ses deux balles, Parc Jarry

Richard