Charles G.

Les gens qui fréquentent régulièrement les terrains de tennis du Parc Nicolas-Viel ont probablement déjà aperçu Charles faisant le tour de tous les recoins des courts pour ramasser les balles de tennis perdues qu’il remet aux écoles qui les installeront sous les pattes des chaises et des pupitres. C’est d’ailleurs à cet endroit que je l’ai rencontré. Beaucoup seront sans doute surpris d’apprendre qu’il travaille encore, autant que sa santé le lui permet à plus de 80 ans.

Il est né dans une famille fransaskoise de 14 enfants, dans le hameau de St-Isidore-de-Belleville, près de Batoche, le village où la rébellion des Métis menée par Louis Riel fut défaite. Il y retourne encore pour voir la parenté. Charles et six de ses frères et sœurs sont toujours vivants. Trois de ses sœurs ont été religieuses. Un de ses frères, marié à une dame elle aussi issue d’une famille nombreuse, a laissé une descendance d’une trentaine de petits-enfants.

Son arrivée au Québec s’est faite à St-Bruno en 1948. Il y a fait son juvénat, une période d’études et de formation qui suit le noviciat et prépare éventuellement au professorat, chez les Frères de St-Gabriel. Il se souvient d’y avoir joué au tennis. Devenu frère, il a enseigné à Deschaillons, puis à St-Bruno, village. Cette institution possédait encore des terres cultivées à la fin des années 40, alors qu’il y œuvrait. Ensuite, étant bilingue, il a travaillé en anglais à l’École Lajoie d’Outremont, à l’époque où elle comportait un secteur anglophone.

Dans les années 60, sa communauté lui a demandé de s’installer dans la région de Chicago. Il fut assistant au secondaire, puis administrateur au Merryville Academy. Il s’agit d’un ancien orphelinat qui était alors en voie de transformation en établissement pour les enfants victimes d’abus et maltraités. Il a parallèlement continué sa formation à la De Paul University, la plus grande université catholique des USA.

En 1969, il est parti pour Papua en Nouvelle-Guinée. Deux jours après son arrivée, il y enseignait déjà. A partir des années 1970, il a été directeur d’un établissement de Monfort Catholic Missions jusqu’en 1993. Il y a travaillé dans les villes de Daru et Kiunga. Cette mission était à son origine tenue par des religieux du Québec. Elle a par la suite été reprise par des communautés issues de Singapour et de l’Inde.

Au retour des missions, il fut mandaté pour aider son cousin, curé de la paroisse de North-Battleford en Saskatchewan.

De retour à Montréal, il œuvre à l’Escale Notre-Dame, un organisme qui héberge des hommes de 18 à 35 avec des problèmes de toxicomanie, drogue ou alcool. Ces personnes y suivent une thérapie d’une durée de 14 semaines.  Initialement, il y a été portier. Comme cette fonction lui laissait du temps, il a fait de son local un atelier de confection de chapelets. Aujourd’hui, il en est à plus de 3 500 de terminés.

Cet organisme est situé dans Hochelaga-Maisonneuve, comme une des écoles auxquelles il destine les balles de tennis recueillies par ses soins. Depuis 2004, il y est responsable de la comptabilité. Charles y travaillait encore récemment à temps plein.

Lorsque je l’ai revu quelques jours plus tard, il m’a montré quelques photos de lui à différentes époques de sa vie. Vous pouvez les voir en suivant le lien ci-dessous.

Charles au Parc Nicols-Viel