Philippe R. et Christiane D.

Si vous avez déjà lu quelques textes sur ce blogue, vous aurez remarqué que j’ai souvent abordé des inconnus dans des lieux publics. Pour Philippe et Christiane, c’est moi qui les ai contactés. Je souhaitais faire connaissance avec ce couple qui porte à bout de bras un journal communautaire nommé journaldesvoisins.com avec une équipe principalement composée de résidents du quartier. Ce journal est devenu en peu de temps une mine de renseignements sur tout ce qui se passe dans Ahuntsic-Cartierville. Ils ont gentiment acquiescé à ma proposition, demandant simplement que Juanito, leur Golden Retriever et mascotte du journal, soit aussi présent dans les photos. La rencontre a eu lieu dans leur cour arrière, avec quelques pauses pendant le passage des avions. La nuisance occasionnée par le bruit et la circulation nocturne des avions est d’ailleurs une cause qui leur tientparticulièrement à cœur.

Philippe et Christiane se sont connus au Collège André-Grasset, où il étudiait en Sciences administratives et elle, en Lettres. Les deux conjoints sont nés à Montréal. Des membres de leurs familles respectives vivaient déjà à Ahuntsic depuis plusieurs années. À l’université, Christiane a choisi les Sciences politiques, tout en rêvant de devenir journaliste. Pour sa part, Philippe a fait un baccalauréat en commerce à l’Université Concordia, où il a été éditeur photographique du journal étudiant « TheGeorgian ».

Philippe a longtemps travaillé au sein d’un établissement bancaire, occupant notamment des postes reliés aux technologies de l’information. En plus de ses emplois, Philippe a mis sur pied une entreprise qui achète et revend des timbres. Il est d’ailleurs très fier de pouvoir accorder, à même ses bénéfices, un rabais important sur les frais postaux à des organismes de charité. 

De son côté, le parcours de Christiane a connu quelques détours. Plutôt que d’entreprendre une carrière de journaliste à sa sortie de l’université, elle a préféré occuper des emplois permettant une meilleure conciliation travail-famille. Bien que le couple ait eu quatre enfants − et une petite fille aujourd’hui−, il faut dire que Christiane n’avait pas le profil d’une reine du foyer.

Alors que les enfants étaient jeunes, un de ses premiers emplois dans une commission scolaire de Sorel a amené la famille à résider à St-Bruno. Comme Philippe travaillait à Montréal et comme les jeunes étaient actifs, il fallait constamment faire le taxi familial, en plus des trajets vers le boulot. C’est sans doute à cette époque que Philippe est devenu un ardent partisan du vélo et des transports actifs! Dès que Christiane a pu se trouver un emploi en ville, la famille s’est établie pour de bon à Ahuntsic.

Alors qu’elle occupait un emploi en communication dans le réseau de la santé, Christiane s’est vu offrir une indemnité de départ en raison de l’abolition de son poste. Ce mauvais tour du sort s’est cependant transformé en opportunité pour elle. Il lui a permis de consacrer quelques mois à des projets personnels et lui a donné le coup de pouce nécessaire pour devenir journaliste indépendante.

Ce sont initialement des travaux de révision et de rédaction pour une grande banque qui payaient le pain et le beurre. Elle consacrait cependant beaucoup plus de temps au journalisme. Elle a ainsi écrit sur des sujets très variés, allant de l’information de proximité aux grands enjeux de société. Elle a d’ailleurs été une pionnière de l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ), dont elle a assumé la vice-présidence. Compte tenu de l’emploi du temps chargé de Christiane, Philippe a pour sa part été un pionnier des congés parentaux, tirant parti de chaque progrès des mesures de conciliation travail-famille.

Résidant dans Ahuntsic depuis plus de vingt-cinq ans, les deux époux ont consacré beaucoup d’énergie à leurs passions et à plusieurs organismes de la communauté. Philippe est notamment animateur scout depuis au moins vingt ans. C’est aussi lui qui m’a rappelé un jour en réponse à une demande d’information sur une sortie de groupe du club d’ornithologie local.

Leur Journal des voisins, un organisme à but non lucratif (OBNL), répond par ailleurs à un réel besoin dans la communauté. S’y consacrant aujourd’hui à temps plein, Christiane en est la rédactrice en chef et Philippe en est à la fois l’éditeur, le webmestre et un des photographes, en plus de soutenir le conseiller média et le trésorier.   En tout, près de 20 personnes contribuent de manière régulière ou occasionnelle à ce journal indépendant publié sous deux formes. La première, une page WEB d’actualités locales, est mise en ligne tous les vendredis. La seconde, une version papier publiée chaque deux mois, est maintenant livrée gratuitement à près de 35,000 portes.

L’équipe a d’ailleurs reçu la reconnaissance de ses pairs en gagnant plusieurs prix au congrès de l’Association des médias écrits communautaires du Québec (AMECQ). Le plus grand compliment leur vient cependant de leur concurrent média, qui a dû améliorer le contenu de son édition locale depuis leur arrivée!

Vous souhaitez en savoir plus? Rendez-vous au http://www.journaldesvoisins.com/

Philippe et Christiane

Robbie P.

Certains sujets d’un naturel pittoresque s’offrent d’eux-mêmes à la caméra. En passant dans le Parc Ahuntsic, j’ai aperçu deux hommes attablés pour jouer aux échecs. Un classique. Quand je suis revenu sur mes pas, Robbie était seul à la table, j’ai donc pu entamer la conversation avec lui sans interrompre leur jeu. C’est un plus tard, quand son copain Martin est revenu à la table, que j’ai pris des photos des deux joueurs à l’œuvre.

C’est Martin qui, apercevant ma caméra, m’a appris que Robbie était photographe. Et pas n’importe lequel : Robbie est un passionné de photo argentique! Non seulement utilise-t-il de la pellicule, mais il fait ses propres tirages, même en couleur, ce qui est assez peu commun aujourd’hui. Il vit d’une combinaison de petits contrats photographiques, comme de la photo de plateau, de travaux de rénovations et de revente de matériel photo usagé pour l’argentique. Il a fait des reportages et de la photo artistique dans des endroits comme La Nouvelle-Orléans, Cuba ou Haïti. Il fait aussi de la photo pour des dossiers de casting de comédiens.

Par un heureux hasard, une exposition de ses œuvres se terminait le lendemain à la Galerie Kozen, Avenue Duluth est. J’y suis passé avec intérêt. J’ai apprécié son engagement dans son travail. Si l’occasion s’offre à vous de voir un jour ses photos, ne la manquez pas!

Je l’ai croisé de nouveau alors que je m’apprêtais à quitter les lieux. En conversant encore un peu, j’ai aussi appris qu’il avait pratiqué la peinture en autodidacte avant de faire des études en Arts Visuels à l’UQAM. Ses parents étaient tous deux artistes, ça y est probablement pour quelque chose, bien que les enfants ne suivent pas toujours la voie tracée, surtout lorsqu’elle est aussi ardue.

Robbie est né à Pointe-Claire et a habité dans plusieurs quartiers de Montréal, dont une décennie dans le Plateau. Il a aussi vécu un temps à divers endroits dans les environs de St-Eustache. Il habite depuis 3 ans dans le Sault-au-Récollet et apprécie le quartier pour sa quiétude.

Quand est venu le temps de faire son portrait, il m’a prévenu qu’il ne souriait pas. Quelque chose me dit cependant qu’il y a parfois des fissures sous ce masque. 

Robbie à l'échiquier