Ginette L.

Ginette est folle. C’est du moins ce qu’elle m’a répondu lorsque je lui ai demandé de se décrire en un mot. Faudrait y voir de plus près!

J’étais tout bonnement entré chez Le Reliquaire pour voir les dernières nouveautés dans le rayon de la brocante. Le magasin m’a semblé plus chargé de matériel que la dernière fois où je l’avais visité, ce qui pouvait remonter à assez loin dans le temps. À tout hasard, j’ai demandé au patron si la boutique avait changé de propriétaire. La dame à ses côtés a répondu que ce n’était pas le cas, mais qu’il s’était simplement fait couper les cheveux. Alain, qui avait effectivement le crâne rasé, s’est alors exclamé : « Attends, tu vas me reconnaître! » Un instant plus tard, il est réapparu avec une perruque blonde. J’ai exprimé le souhait de le prendre en photo, mais c’est plutôt la dame,  Ginette, une cliente habituée des lieux, qui s’est montrée disposée à se faire photographier.

En causant un peu, j’ai appris qu’elle était native du Sault-au-Récollet où ses parents habitent depuis 51 ans. Elle est elle-même revenue dans le quartier il y a trois ans pour son ambiance.

Comme moi, elle a été étudiante en graphisme au Cégep Ahuntsic sans compléter le programme. Elle l’avait quitté, emportée par l’amour.

Aujourd’hui, elle travaille dans cette même institution auprès de gens affectés de déficience intellectuelle importante. C’est peut-être son empathie pour eux qui l’a poussée à se déclarer folle…

Je lui reconnaîtrais un certain grain de folie, mais surtout beaucoup d’humanité!

Ginette sur le balcon du Reliquaire, rue Fleury est

Guy F.

J’ai rencontré Guy à l’entrée du Jardin Ahuntsic, un beau jardin en pente au sud de la rue Sackville. Il cultive une parcelle de ce jardin communautaire depuis 2 ans. Ses plantations sont assez variées et bien parties pour cette année. Dans la mesure où son lieu d’habitation le permettait, il a toujours eu un petit bout de terrain à cultiver. C’est une habitude qu’il tient de sa mère. Comme c’est souvent le cas dans le secteur, le sol étant argileux, une des plantes qui pousse bien est la tomate. Guy a choisi le cultivar Florida.

Je croyais que les places étaient rares et les listes d’attentes longues pour obtenir une place dans un jardin communautaire. Il m’a dit avoir obtenu sa place assez rapidement et avoir déjà constaté un certain roulement. Certaines personnes sans expérience font un premier essai puis abandonnent. Il s’agit souvent de gens qui ne mesurent pas l’implication quotidienne nécessaire à l’entretien d’un potager. Ils achètent des plants tout faits, les mettent en terre, partent en vacances trois semaines sans s’assurer de relève et constatent à leur retour que tout a dépéri. Pour lui, le potager est plutôt un havre de paix quotidien après le travail dans une oasis de verdure.

Guy connaît bien tous les milieux de vie du Grand Montréal. Ayant grandi  dans le Mile-End à Montréal, il a habité dans différents quartiers de la ville, puis sur la Rive-sud et la Rive-Nord.  

Directeur de production dans une imprimerie de St-Laurent, c’est pour se rapprocher de son travail qu’il est revenu habiter dans le district du Sault-au-Récollet il y a deux ans. Le fait que ses enfants soient bien partis dans la vie après avoir réussi de bonnes études a aussi favorisé son retour à la ville.

L’entreprise où il travaille œuvre dans deux secteurs soit, l’imprimerie commerciale générale et l’édition musicale. Elle fait de tout ce qui a rapport avec l’emballage et la promotion de musique enregistrée.

Je lui souhaite bonne récolte.

Guy derrière sa parcelle productive du Jardin Ahuntsic

Guy derrière sa parcelle productive du Jardin Ahuntsic