Si vous avez suivi un peu les nouvelles en provenance de Montréal au cours des derniers mois, vous savez sans doute que le printemps y a été exceptionnellement pluvieux, au point de provoquer d’importantes inondations le long de la rivière des Prairies au nord de l’Île. Heureusement, à la mi-mai, le beau temps revint se montrer le nez entre deux jours de pluie. Nous avons même eu droit à deux magnifiques journées de suite pour la première fois un samedi et un dimanche. Le bonheur. C’est donc sous un ciel radieux que je me suis rendu à Saraguay, tout à fait à l’ouest de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville pour faire une activité combinant deux visites organisées par le GUEPE (Groupe uni des éducateurs-naturalistes et professionnels en environnement).
Saraguay a tout d’abord été un lieu de villégiature pour des gens très riches à l’époque où la ville ne s’étendait guère plus loin que du fleuve au Mont-Royal. Puis lorsque l’ensemble de l’Île s’est urbanisée, c’est devenu une enclave préservée. Les grandes demeures du début du vingtième siècle ont été abandonnées et sont pour la plupart disparues. Ce quartier, qui a été incorporé au territoire de Montréal au début des années 60 demeure un des derniers ou se retrouvent des boisés naturels et des milieux humides typiques de ceux que notre Île abritait. Il y a un siècle seulement.
Il reste ici une des dernières grande résidences, la Maison Mary-Dorothy Molson, aussi appelée Manoir McDougall. Il est aujourd’hui propriété de la Ville de Montréal. Inhabité, il a souffert d’un entretien au mieux minimal. C’est souvent le présage d’une mort annoncée mais de l’extérieur la résidence a encore une certaine prestance. Les gens du GUEPE avait invité un historien, Stéphane Tessier, pour faire une visite commentée de la propriété et des ruines de la maison voisine.
Après cette première partie, nous avons fait la rencontre d’Étienne. Comme ses collègues du GUEPE et M. Tessier, il était vêtu à l’ancienne. Il tenait le rôle d’un paysan. Vous aurez deviné que c’est lui que vous voyez sur la photo.
Le GUEPE fait une bonne partie de ces activités auprès de clientèles scolaire et pour les jeunes l’été. Comme intermède entre la visite historique et le rallye d’interprétation naturelle qui la suivait dans le Parc-nature du Bois-de-Saraguay, notre groupe entièrement constitué d’adultes été invité à jouer comme des enfants. Deux équipes se sont affrontées sur un parcours combinant croquet, tir à l’arc et javelot entièrement réalisé avec des jouets et vêtus de costumes de cheval. Le tout se voulait un rappel de l’amour des anciennes élites anglophones pour les traditions sportives britanniques.
C’est au cours de la randonnée dans le parc que nous avons pu pleinement apprécier les connaissances d’Étienne. Il est originaire de la campagne, des Cantons-de-l’est plus exactement. Il était tout à fait à l’aise dans le boisé. Il nous a d’ailleurs confié qu’il était le plus autodidacte et un des plus anciens membres de l’équipe. De sa voie forte il a capté l’intérêt du groupe qui pouvait parfois suivre les sentiers en rang un peu dispersé. Avec lui, nous avons observé différentes espèces d’arbres et de fleurs pour les identifier. Il nous a montré certaines plantes comestibles des bois fait sentir des insectes et écouter des oiseaux. Il y avait parmi le groupe des dames d’origine vietnamienne, ce qui nous a permis de discuter un peu des différences entre les cycles très marqués des saisons québécoises et ceux qui semblent plus continus des forêts tropicales persistantes.
C’est à la fin de cette activité que j’ai bien appréciée, alors qu’Étienne s’apprêtait à courir pour prendre un second groupe en charge, que je lui ai demandé s’il accepterait que je prenne son portrait. Le soleil était assez dur et son grand chapeau portait une ombre tranchée sur son visage. Je lui ai demandé de poser quelques secondes à contre-jour en m’assurant de surexposé le cliché un peu.
Voilà donc Étienne, un homme qui semble avoir de bonnes racines.