Michael B.

Par un vendredi pluvieux d’octobre, je me suis rendu chez Blume sur la Promenade Fleury. La veille, jour de notre anniversaire de mariage, j’y avais acheté un bouquet pour mon épouse. J’avais causé un peu avec la fleuriste le temps qu’elle le prépare.

J’espérais qu’elle se montre disposée à reprendre la conversation et à se faire photographier pour QuartiersNord.photos. Arrivé à la porte, je suis tombé sur une petite note « de retour dans cinq minutes ». J’ai donc flâné aux alentours.

C’était le lendemain du début de la saison de hockey. Il pleuvait. Curieusement, dans la grisaille automnale, le drapeau du Canadien en façade du Tablier Rougeressortait plus vivement que par les jours ensoleillés. Par beau temps, il se perd dans l’ombre du portique. J’ai donc sorti mon appareil pour faire une photo de circonstance.

Au moment où je pointais l’objectif vers la façade du commerce, un monsieur en costume de cuisinier y entrait. Quelques secondes plus tard, un jeune homme en sortait pour me demander pourquoi je prenais une photo. J’ai commencé par lui expliquer que je n’avais pas de but plus précis que de capter la lumière du moment. Par contre, puisque nous avions entamé une conversation, je lui ai demandé s’il serait disposé à se faire prendre en photo et à répondre à quelques questions. Ainsi sont faites les rencontres dues au hasard.

Ce jeune homme, que vous voyez sur la photo avec son tablier rouge, st Michael B.. À ses côtés se trouve Renato P., chef chez La Molisana, un restaurant de l’autre côté de la rue. Michael a un peu grandi dans cet établissement fondé il y plus de trente ans par un oncle et aujourd’hui dirigé par son père.

Dans sa jeunesse, il a fréquenté l’école Our Lady of Pompei, sur le boulevard St-Michel au nord de Sauvé. Il a beaucoup joué au soccer dans les ligues du nord de la ville. Avec un bagage familial comme le sien, il était tout naturel qu’il étudie à l’Institut de Tourisme et d’Hôtellerie du Québec (ITHQ). Il y a suivi le programme Formation supérieure en cuisine. Par la suite, il a voyagé en Europe. Il a étudié au Château de Codignat en France auprès d’un chef possédant deux Étoiles Michelin, ainsi que dans Les Pouilles, en Italie.

Le Tablier Rouge est ouvert depuis le printemps de 2014 dans un local où il y avait auparavant une boucherie. Aujourd’hui, on y prépare encore la viande et la charcuterie est faite maison. Mais l’entreprise évolue et développe sa personnalité tranquillement. On y fait maintenant d’autres plats cuisinés avec des ingrédients frais locaux : sauces, pesto, soupes, etc. 

Michael semble particulièrement à l’aise derrière le comptoir. On l’imagine facilement en patron de café participant aux conversations des clients. J’y étais entré un peu avant l’affluence du midi, et m’étais installé au comptoir pour prendre un expresso bien serré. J’ai rapidement été rejoint par d’autres clients avec qui j’ai fait un brin de causette. Mis en appétit par l’assiette du voisin, j’y ai finalement moi aussi dégusté un burger de luxe avec frites maison.

Les écrans de télé diffusaient la seconde partie d’après-saison des Blue-Jays de Toronto. Nous avons vu les joueurs des Jays entamer la première manche comme s’ils voulaient en terminer avec le baseball au plus sacrant! Ils ont d’ailleurs perdu ce match, mais se sont depuis repris et se préparent, au moment où je publie ces lignes, à disputer le second match de la série finale de la Ligue Américaine de Baseball, dernière étape avant les séries mondiales.

Les soirées de partie de hockey avec la bière de micro-brasserie et les burgers à prix spéciaux sont populaires au Tablier Rouge. Je ne peux que souhaiter à Michael que la saison de Hockey des Glorieux soit passionnante. Il faut dire qu’ils sont bien partis avec cinq victoires d’affilée!

Avec tout ça, pas de fleuriste ce jour-là.

Michael dans son établissement

Michael dans son établissement

Christiane T.

C’est parce qu’elle m’avait jeté un coup d’œil par-dessus son épaule en me dépassant sur une piste cyclable que j’ai remarqué Christiane pour la première fois. Quelques jours plus tard, nous nous sommes recroisés brièvement à l’abreuvoir du Parc Maurice-Richard, toujours mieux connu d’ailleurs comme le Parc Stanley malgré les huit coupes du Rocket! Je l’ai trouvé grande. Les patins à roues alignés y étaient pour quelque chose. Nous avons à peine échangé quelques mots et je lui ai remis un carton avec les coordonnées de mon projet, en espérant qu’elle se porte volontaire.

C’est à l’Île Perry que nous sommes donnés rendez-vous pour cet article. Christiane habite depuis deux ans tout près dans Bordeaux. Étant une personne très active, elle a apprécié les abords de l’île l’hiver dernier et profité du temps froid pour faire du ski de fond hors-piste sur la rivière gelée.

En discutant, nous nous sommes trouvé certains points communs dans nos trajectoires de vie — naissance en Abitibi, arrivée avec la famille dans le West Island tout jeune et une douzaine d’années chacun comme résident du Plateau Mont-Royal — malgré des parcours somme toute différents.  

Après des études en communications, elle s’est tournée vers le secteur de la mode et de la couture. Elle travaille depuis comme pigiste pour de nombreux ateliers de costumes, des troupes de théâtre, etc. Elle a ainsi contribué à la création de masques pour Alegria, une des productions qui ont lancé le Cirque du Soleil. C’est d’ailleurs pendant ce mandat qu’elle s’est découvert un goût pour le travail en trois dimensions, notamment pour la réalisation d’accessoires de marionnettes. Elle contribue en ce moment à Toruk, le prochain spectacle du Cirque du Soleil basé sur le film Avatar de James Cameron. C’est un gros projet qui partira en tournée à l’automne 2015.

Mère de deux ados qui ont été élevés dans les Laurentides, elle a réussi à ne pas travailler les étés, tout en maintenant des engagements réguliers le reste de l’année. C’est après sa séparation d’avec leur père qu’elle est arrivée dans Bordeaux. Comme les enfants sont dans une école secondaire locale, mais que les parents en partagent la garde, il fallait un point d’attache à Montréal pas trop loin de l’autoroute 15 vu que le père demeure toujours dans le nord.

Je me disais que le couple habitait bien loin de la ville pour venir y travailler dans le secteur culturel. Elle m’a alors expliqué que son ex-conjoint travaillait dans un tout autre secteur. Quand elle m’a appris quelle était sa profession, j’ai réalisé qu’il s’agissait d’un ami d’un mes frères!  En fait, Christiane avait étudié avec ce dernier au secondaire et connaissait aussi le benjamin de ma famille.

Le monde est petit… Comme j’ai trois frères, il lui en reste tout de même un autre à rencontrer!

Christiane sur l'Île Perry