Alors qu’elle était nouvelle arrivante, Maddy a découvert l’existence des bals de fin d’étude − une coutume qui lui était inconnue − en cousant des décorations sur la robe d’une collègue de la boulangerie de Côte-des-Neiges où elle travaillait. Cet emploi sans rapport avec ses études, elle l’a pris, car fallait bien payer le loyer! Elle s’y est tout de même fait son premier réseau d’amis montréalais, des gens qui l’ont aidée à comprendre le système scolaire et le monde du travail au Québec.
Maddy provient de la petite ville française de Sarlat en Dordogne. Elle est arrivée ici avec son conjoint, qui lui, est originaire de Bergerac. Ayant complété l’équivalent d’une maîtrise en sociologie du travail à Bordeaux, elle a travaillé dans cette ville pendant quelques années dans le secteur communautaire dans des postes précaires de conseillère à l’emploi.
Elle a bien su faire valoir cette expérience et ses efforts d’intégration au marché du travail d’ici et a depuis été embauchée dans diverses fonctions reliées à son domaine de prédilection. Après avoir habité dans des quartiers plus centraux, c’est l’achat de son domicile qui l’a amenée dans l’arrondissement.
Mère de deux enfants, une des choses qu’elle apprécie de la vie à Montréal est la possibilité de leur faire fréquenter une école alternative. La petite famille est aujourd’hui installée dans un duplex près du parc des Hirondelles, un quartier où demeurent encore bien des gens issus de la grande vague d’immigration italienne des années 50 et 60.
Son conjoint, qui avait obtenu un emploi dans son domaine dès leur arrivée, s’est recyclé depuis. Délaissant l’électronique, il a complété un Diplôme d’études professionnelles en ébénisterie, un métier dans lequel il est aujourd’hui plus heureux.
L’horaire de travail de Maddy surprendrait bien des gens qui croient qu’on ne travaille de longues heures que dans le secteur privé. En plus d’un poste à temps plein au Carrefour Jeunesse Emploi Ahuntsic-Bordeaux-Cartierville, elle consacre quelque 20 heures additionnelles chaque semaine à l’organisme « Mon toit, mon Cartier », dont elle assume la présidence du conseil.
Cette organisation à but non lucratif a pour mandat de venir en aide aux mères-chefs de famille en leur fournissant un logement transitoire et un accompagnement. À l’été 2015, l’organisme a d’ailleurs inauguré son tout premier immeuble, où 14 femmes en situation précaire logeront avec leurs enfants. Situé dans un secteur défavorisé il est coiffé d’un toit vert qui servira de potager communautaire avec l’objectif de faire partager le goût des aliments frais produit avec fierté aux résidentes et à leurs enfants. Ce potager a connu un beau départ cet été.
Je lui ai demandé si elle trouvait parfois pesant de côtoyer quotidiennement des gens vulnérables qui traversent des périodes difficiles. Elle m’a répondu que, non, au contraire! Étant d’une bonne nature, elle tend à faire confiance aux autres et est heureuse de pouvoir faire une différence. Voyez d’ailleurs son sourire et ses yeux rieurs!