Alexis B.

C’est en entrant sur le site du Festiblues que j’ai croisé Alexis avec sa compagne Charlotte. Alexis était aux commandes du BBQ et le couple attendait les premiers spectateurs de la soirée.

Alexis, qui devra sans doute conserver un bon moment sa moustache caractéristique, tant elle risque de devenir une marque de commerce, est maitre boucher.  Avec Charlotte et quelques associés il a ouvert Ça va barder, rue Fleury Ouest ce printemps. Si l’investissement et les démarches nécessaires à la mise en marche l’ont laissé « absolument terrorisé » avant que les portes n’ouvrent, le commerce est bien lancé et emploie déjà seize personnes.

Alexis a vécu dans Outremont jusqu’à l’âge de 14 ans. Comme bien des gens que j’ai rencontrés à date, il a ensuite connu plusieurs quartiers de Montréal. Il ne connaissait cependant pas Ahuntsic il n’y a pas si longtemps. C’est en cherchant l’emplacement idéal pour Ça va barder qu’il a découvert le quartier. D’ici quelques jours, Charlotte et lui en deviendront également des résidants.

Alexis a fait le tour des métiers de la restauration. Il a travaillé en cuisine et en salle.  Il a aussi étudié et pratiqué la sommellerie. Il s’est cependant aperçu qu’il préférait la connaissance du vin au métier de sommelier, dans lequel il n’était pas aussi heureux qu’il se l’était imaginé au départ. C’est finalement avec en tête l’idée de rentrer au travail en sifflant qu’il a décidé de monter sa propre entreprise.

À travers tout ça,  il est musicien à ses heures. Il joue surtout des percussions, ce qui l’a amené à voyager pendant deux ans en Afrique. Il m’a d’ailleurs dit qu’il connaissait des musiciens africains à Montréal.

C’est avec aplomb qu’il m’a affirmé, entre le BBQ et le camion de la boucherie, qu’il ne faut pas manger plus d’une livre de viande par semaine, mais qu’il faut bien la choisir.  Considérant le travail de la viande comme celui d’un artisan et ayant lui-même appris de maitres, cet homme sait de quoi il parle!

Je l’ai revu la semaine suivante. J’étais allé chercher mon vélo en réparation dans un commerce voisin.  Il ne restait plus qu’un pas à faire pour passer lui dire bonjour. Il m’a reçu avec fierté et fait faire le tour du propriétaire. Nous sommes descendus au sous-sol où il m’a montré le fumoir à viande, le frigo avec les pièces de viande étiquetées selon leur ferme d’origine, ainsi que celui où les saucisses maison vieillissent.

Il parle de ses produits avec tant de chaleur et de conviction que je ne serais pas surpris de le voir à la télé régulièrement lorsqu’on lui en donnera la chance. Je le lui ai d’ailleurs mentionné. Il m’a alors confié qu’il passerait prochainement à l’émission de Maria Orsini à Radio-Canada.

Quelque chose me dit qu’il n’a pas fini de siffler!

Alexis sur le site du Festiblues 2015

Alexis sur le site du Festiblues 2015

Patricia G.

C’est à un sympathique groupe de personnes assises ensemble derrière une table remplie de plats mexicains que je me suis adressé à mon arrivée au mercredi pique-nique du parc Tolhurst. On m’a rapidement informé que tous étaient soit de la famille de Patricia, soit des amis venus lui donner un coup de main pour la soirée. Comme elle, ils étaient pour la plupart originaires de la ville de Mexico ou autrement de la région d’Aguascalientes.

Patricia est boulangère-pâtissière.

C’est à titre de membre de la toute nouvelle SDC Quartier FLO (comme dans Fleury Ouest) que Patricia offre ses produits aux pique-niqueurs du mercredi. Patricia est arrivée à Montréal avec mari et enfants il y a neuf ans. Après avoir travaillé brièvement comme aide-éducatrice dans une garderie, elle a ouvert, il y a 7 ans, avec son mari Luis, la Boulangerie et pâtisserie mexicaine Patricia tout juste à l’ouest du parc Tolhurst. Le couple avait tenu le même genre de commerce à Mexico.

Leur comptoir des mercredis pique-nique offre des plats différents chaque semaine. Il y a ainsi moyen de trouver un repas complet sur la table. Ce jour-là, il y avait des tacos dorados et de la paëlla, en plus des pâtisseries et des cubes de melon d’eau servis épicés ou non. La première fois que j’ai visité leur table, il y avait du pollo con mole poblano (du poulet dans une sauce typique au cacao).

Si le commerce était surtout connu de quelques Mexicains à ses débuts, la clientèle s’est développée et diversifiée avec les années. La spécialité de la maison est le « pastel de tres leches » (gâteau aux trois laits).

Aujourd’hui, Patricia et Luis estiment se tirer d’affaire au moins aussi bien que dans leurs bonnes années à Mexico. Malgré des racines toujours fortes − les casquettes « Viva Mexico » en faisant foi −, ils se considèrent installés ici à demeure. Leurs enfants ont d’ailleurs déjà commencé à faire leur chemin. Il faut dire qu’à la vitesse où ce petit quartier change, ils sont déjà des vétérans! En effet, l’ouverture de leur boulangerie a précédé de quelque peu celle du restaurant St-Urbain qui a fait tourner les têtes vers FLO.

Patricia in Tolhurst Park

Denise P.

J’ai connu Denise récemment lors d’un vernissage à la Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord. J’ai été frappé par la chaleur et la conviction avec laquelle elle présentait l’artiste qui y expose pour l’été 2015. C’est toutefois lors d’une rencontre subséquente sur le site des Moulins de l’Île-de-la-Visitation que cette résidente d’Ahuntsic m’a raconté son parcours.

Neuvième de dix enfants d’une famille modeste, avec un père qui travaillait au CN, Denise a le souvenir d’avoir marché, petite, de la résidence familiale rue de Lille près de Charland jusqu’au rivage. Les terrains à l’époque étaient en bonne partie en friche, remarque-t-elle, et n’annonçaient pas le beau parc d’aujourd’hui.

À l’adolescence, cette passionnée de la ville et de la vie a entrepris, malgré son jeune âge, de se faire engager au sein de l’équipe qui préparait l’Expo 67. Pour ce faire, elle s’est acheté un tailleur et a sollicité à plusieurs reprises une rencontre avec le Maire de Terre des Hommes, Philippe de Gaspé-Beaubien. À force d’entêtement, elle a obtenu le rendez-vous et un modeste emploi dans l’équipe, puis un poste d’hôtesse au Pavillon du Québec pendant l’Expo. Comme pour bien des gens qui y ont travaillé, l’expérience fut grisante et lui a ouvert des portes. L’année suivante, elle s’est rendue en Grande-Bretagne pour apprendre l’anglais et s’est déniché un emploi de réceptionniste à l’ambassade canadienne. Quelque année plus tard, elle a été embauchée au pavillon du Québec à l’exposition internationale d’Osaka.

C’est avec ce bagage de femme autonome qu’elle est devenue mère. Mariée à un universitaire mathématicien et économiste avec qui elle a eu trois filles, elle l’a suivi avec les enfants en Californie, où il a complété un doctorat. Décidée à demeurer autonome, elle y a enseigné la conversation française dans un cadre universitaire, sans détenir de diplôme elle-même. De retour au Québec, à Rimouski, où son mari avait repris un poste d’enseignant à UQAR, elle a travaillé à la station locale de Radio-Canada avant d'entreprendre un bac en communication à Université Laval. 

Après avoir occupé des postes temporaires dans le Réseau Accès-Culture dans différents arrondissements de Montréal, elle a enfin obtenu sa permanence comme agente culturelle à Montréal-Nord il y a deux ans, à un âge où plusieurs sont déjà à la retraite. À ce titre, elle fait des efforts importants pour rapprocher les gens de la communauté et les artistes, elle a notamment monté une exposition des artistes de la galerie d’art urbain Fresh Paint et présenté le spectacle interculturel « Des mots sur mesure », ainsi qu’une série de spectacles de Blues. Elle prépare actuellement des activités de médiation culturelle pour l’inauguration, à l’automne 2015, de l’œuvre « La vélocité des lieux » du collectif d’artistes BGL.

Cette passionnée de culture projette de continuer à partager encore longtemps ses coups de cœur.

Denise au PArc-Nature de l'Île-de-la-Visitation