Madeleine G.

En pédalant sur St-Michel un vendredi, ma curiosité a été piquée par de grands tricots colorés enroulés autour des arbres du Parc Oscar. Il y a quelques années, il y aurait eu là quelques jeunes femmes, voir quelques garçons, pour revendiquer, avec des airs de rebelles, cette pratique comme un geste politique, une forme de street-art en laine. Surprise! Ces tricots annonçaient  plutôt une activité du Cercle des fermières de Montréal-Nord pour le lendemain.

Je suis retourné voir de quoi il s’agissait.

Les premières membres du Cercle que j’ai abordées se sont montrées sympathiques et m’ont invité dans le pavillon du parc pour voir l’exposition qu’elles avaient préparée sur l’histoire de l’organisation des Cercles au Québec et dans leur localité. Bien que réticentes à se faire photographier, elles m’ont permis de prendre une photo de groupe avec la promesse ferme que vous ne les verriez pas sur internet. Peu satisfait de mes photos à l’intérieur, je leur ai suggéré de faire un second essai, qui s’est avéré plus satisfaisant à l’extérieur. C’est alors que Madeleine s’est jointe au groupe.

Voilà une dame qui n’a pas peur de l’objectif!

Elle m’a expliqué qu’il s’agissait d’un grand jour pour son groupe. On célébrait en ce samedi le centenaire des Cercles des fermières du Québec, en plus de celui de Montréal-Nord. Plus important possiblement : c’était aussi la première exposition du cercle local depuis une vingtaine d’années.

Madeleine est montréalaise de naissance. Avant de se joindre au groupe, elle cherchait une activité qu’elle pourrait pratiquer avec sa mère et ses sœurs. C’est son mari, originaire du Saguenay, qui leur a suggéré de considérer le Cercle de Montréal-Nord. L’effectif de ce Cercle se maintient depuis une dizaine d’années à un peu plus d’une centaine de dames. Les hommes peuvent participer aux activités, mais ne peuvent adhérer au cercle. Il devient cependant évident qu’il faudra trouver une relève. Presque toutes les participantes sont des retraitées.

Madeleine m’a aussi invité à visiter la salle au sous-sol. Il s’y trouve plusieurs métiers à tisser. Un d’entre eux permet de réaliser des tissus de 72 pouces de largeur. S’il n’y a plus assez de demandes pour organiser des cours de groupe, il y a moyen d’apprendre le tissage de personne à personne ou deux par deux.

Par hasard, la présidente provinciale des CFQ était aussi sur place. Elle m’a appris qu’aujourd’hui,  à peine 2 % des membres viennent de foyers qui pratiquent l’agriculture. Ce chiffre doit refléter d’assez près place des agricultrices dans la société d’aujourd’hui.

D’un commun accord, les collègues de Madeleine m’ont dit qu’elle avait travaillé très fort pour faire de cette journée un succès. En plus, c’est elle qui tient le blogue du cercle. Vous en trouverez l’adresse sous sa photo. Tout cela de manière bénévole, en sus de son travail dans la gestion immobilière. Elle pouvait bien sourire devant la caméra!

Madeleine au Parc Oscar avec le Cercle des fermières de Montréal-Nord

Charles G.

Les gens qui fréquentent régulièrement les terrains de tennis du Parc Nicolas-Viel ont probablement déjà aperçu Charles faisant le tour de tous les recoins des courts pour ramasser les balles de tennis perdues qu’il remet aux écoles qui les installeront sous les pattes des chaises et des pupitres. C’est d’ailleurs à cet endroit que je l’ai rencontré. Beaucoup seront sans doute surpris d’apprendre qu’il travaille encore, autant que sa santé le lui permet à plus de 80 ans.

Il est né dans une famille fransaskoise de 14 enfants, dans le hameau de St-Isidore-de-Belleville, près de Batoche, le village où la rébellion des Métis menée par Louis Riel fut défaite. Il y retourne encore pour voir la parenté. Charles et six de ses frères et sœurs sont toujours vivants. Trois de ses sœurs ont été religieuses. Un de ses frères, marié à une dame elle aussi issue d’une famille nombreuse, a laissé une descendance d’une trentaine de petits-enfants.

Son arrivée au Québec s’est faite à St-Bruno en 1948. Il y a fait son juvénat, une période d’études et de formation qui suit le noviciat et prépare éventuellement au professorat, chez les Frères de St-Gabriel. Il se souvient d’y avoir joué au tennis. Devenu frère, il a enseigné à Deschaillons, puis à St-Bruno, village. Cette institution possédait encore des terres cultivées à la fin des années 40, alors qu’il y œuvrait. Ensuite, étant bilingue, il a travaillé en anglais à l’École Lajoie d’Outremont, à l’époque où elle comportait un secteur anglophone.

Dans les années 60, sa communauté lui a demandé de s’installer dans la région de Chicago. Il fut assistant au secondaire, puis administrateur au Merryville Academy. Il s’agit d’un ancien orphelinat qui était alors en voie de transformation en établissement pour les enfants victimes d’abus et maltraités. Il a parallèlement continué sa formation à la De Paul University, la plus grande université catholique des USA.

En 1969, il est parti pour Papua en Nouvelle-Guinée. Deux jours après son arrivée, il y enseignait déjà. A partir des années 1970, il a été directeur d’un établissement de Monfort Catholic Missions jusqu’en 1993. Il y a travaillé dans les villes de Daru et Kiunga. Cette mission était à son origine tenue par des religieux du Québec. Elle a par la suite été reprise par des communautés issues de Singapour et de l’Inde.

Au retour des missions, il fut mandaté pour aider son cousin, curé de la paroisse de North-Battleford en Saskatchewan.

De retour à Montréal, il œuvre à l’Escale Notre-Dame, un organisme qui héberge des hommes de 18 à 35 avec des problèmes de toxicomanie, drogue ou alcool. Ces personnes y suivent une thérapie d’une durée de 14 semaines.  Initialement, il y a été portier. Comme cette fonction lui laissait du temps, il a fait de son local un atelier de confection de chapelets. Aujourd’hui, il en est à plus de 3 500 de terminés.

Cet organisme est situé dans Hochelaga-Maisonneuve, comme une des écoles auxquelles il destine les balles de tennis recueillies par ses soins. Depuis 2004, il y est responsable de la comptabilité. Charles y travaillait encore récemment à temps plein.

Lorsque je l’ai revu quelques jours plus tard, il m’a montré quelques photos de lui à différentes époques de sa vie. Vous pouvez les voir en suivant le lien ci-dessous.

Charles au Parc Nicols-Viel

Marie I. & Simon M.

La lumière du jour prend toute sa clarté et son plus bel éclat, à mon avis, à la fin de septembre. Je suis donc passé dans le Parc Ahuntsic un beau vendredi en fin de journée, car j’y apprécie particulièrement la lumière rasante qui passe sous les arbres à cette époque de l’année.

J’ai remarqué un groupe de jeunes qui courraient. Je me suis dit qu’ils feraient ensemble un bon sujet de portrait collectif. Le jour déclinait, mais je n’osais cependant pas les interrompre durant leur entrainement. Lorsque j’ai constaté qu’ils ralentissaient un peu et faisaient des étirements, je me suis dit qu’ils terminaient leurs activités et je me suis approché d’eux.

Après une brève conversation, j’ai pris quelques photos de Marie et Simon. J’ai tout juste eu le temps d’apprendre qu’ils sont des sprinters de calibre national et qu’ils s’entrainent au Club d'athlétisme Perfmax-Racing de Montréal basé au Complexe sportif Claude-Robillard. À ce point de la conversation, ils m’ont quitté, car leurs entraineurs arrivaient. Ce dont j’avais été témoin n’était que leurs échauffements. Je n’aurais certainement pas couru assez vite pour poursuivre la discussion!

Une petite recherche m’a permis de découvrir que Simon est un coureur compétitif. Marie, elle,  est parmi la crème des coureuses juniors au Québec. Elle est très proche des meilleures au Canada sur les distances de 100 et 200 mètres. Elle tente d’ailleurs d’atteindre son niveau de performance maximal. Étudiante au niveau collégial, elle souhaite obtenir une bourse universitaire, quitte à aller aux USA. Il semble en effet que le mieux qu’on puisse espérer au Québec en athlétisme est l’équivalent du paiement des frais d’inscription à l’Université de Sherbrooke.

Souhaitons-leur à tous les deux d’être persévérants dans leurs efforts et de réaliser leurs objectifs personnels.

Marie et Simon dans le Parc Ahuntsic

Mario M.

J’ai rencontré Mario pour la première fois lors du vernissage de son exposition « Des années cinquante à nos jours » à la Maison de la Culture Ahuntsic-Cartierville. Nous nous y sommes recroisés la semaine suivante, ce qui m’a permis de prendre quelques photos de lui devant ses œuvres et avec le personnel de la Maison.

Mario est un artiste visuel qui poursuit activement, à plus de 80 ans, une longue et fructueuse carrière. Fils d’un père italien et d’une mère québécoise, il est né dans Villeray, mais a grandi rue De Lille dans le Sault-au-Récollet. Il habite depuis plus de 40 ans dans une magnifique maison d’Ahuntsic dont le parement de bois rappelle certains de ses tableaux en relief, notamment «Arabesque», qui apparait à sa gauche sur la photo ci-dessous.

Il est intéressant de l’entendre raconter, dans la vidéo qui accompagne l’exposition, l’influence qu’ont eues les œuvres d’art et l’ornementation de l’église de La Visitation sur son évolution créative dans sa jeunesse. Il y décrit aussi un paysage aujourd’hui disparu. Au sud de la rue Fleury, il subsistait autour de De Lille jusqu’aux années quarante des terres agricoles sur des côtes et des ruisseaux. Cette zone a depuis été comblée et nivelée pour devenir un quartier résidentiel traversé par les rues Sauriol et Sauvé.

Fils de musiciens, il a initialement tenté de mener de front des études en musique et en art. Il a finalement choisi l’École des Beaux-Arts. Il a ensuite travaillé dans les ateliers de scénographie de Radio-Canada, qui en était alors à ses premières années d’existence.

C’est toutefois un concours national qui a vraiment lancé sa carrière. Il a été désigné lauréat pour réaliser une grande murale destinée au pavillon du Canada à l’exposition universelle de Bruxelles en 1957. L’œuvre a été conçue dans l’ancien atelier d’Alfred Liberté, rue Ste-Famille.

Fort de la notoriété obtenue par cette réalisation, il a fait la tournée des firmes d’architectures réalisant de grands immeubles publics et corporatifs. Il y offrait personnellement ses services pour créer des œuvres intégrés à l’architecture. Sa contribution à ce titre au cours des années soixante et soixante-dix est importante. Ses réalisations vont des reliefs monochromes aux céramiques multicolores, en passant par de grandes verrières dans une station de métro. Elles sont  toutes admirablement bien intégrées et adaptées à leurs immeubles de destination. Selon le caractère de l’endroit, elles combinent parfois des matériaux de construction à des matériaux plus nobles.

À la fin de cette période, Mario s’est tourné plus activement vers la sculpture. Il a exposé lors de symposiums et des Biennales à l’étranger. Il a même été invité à participer à l’exposition « Le Padiglione d’Italia nel mondo » qui présentait une sélection d’œuvres d’artistes de la diaspora italienne dans le cadre de la 54e Biennale de Venise en 2011.

Parallèlement à sa production, il a mené une carrière d’enseignant, entre autres à l’UQAM. Il y a régulièrement enseigné le dessin, qu’il considère d’ailleurs comme étant à la base de toutes ses œuvres.

Depuis vingt ans, il pratique surtout la peinture. Ses œuvres picturales récentes occupent d’ailleurs une bonne partie de l’exposition. Pour mieux connaitre ses réalisations, je vous invite à passer voir l’exposition en cours jusqu’au 17 octobre et à prendre le temps de regarder la vidéo. Vous pouvez aussi cliquer sur le lien sous la photo.

Mario entre Arabesque, à gauche, et Sable, à droite